En 2018, Raphaël Varane devenait le premier joueur formé au RC Lens à remporter un titre de champion du monde. Nous avions alors évoqué la réussite du défenseur, qui annonce aujourd’hui sa retraite à 31 ans, avec Eric Assadourian. Alors à Brest, depuis revenu à Lens pour diriger la Gaillette, ce dernier a été l’un des principaux formateurs de Raphaël Varane. Dans cet entretien, il revenait avec nous sur la réussite d’un joueur hors du commun et de toute une génération dorée de la formation à la lensoise. Rediffusion.
Lensois.com : Eric Assadourian, qu’avez-vous ressenti en voyant Raphaël Varane remporter la Coupe du monde ?
On ressent toujours de la joie partagée, que ce soit vis-à-vis de Raphaël ou de tous les autres joueurs, pour tout ce que cette équipe de France a pu procurer, comme il y a 20 ans. C’est une 2e grosse joie et l’on voit pour l’ensemble de ces joueurs que le travail sur la formation en France est de qualité. C’est un plaisir d’autant plus fort par rapport à Raphaël. C’est une juste récompense pour un garçon qui, dès sa plus tendre enfance, était passionné par le football, avant même que cela ne devienne une réussite sociale. Et si les gens s’identifient à ces garçons, c’est parce qu’ils sentent qu’ils sont passionnés. Ça ne parle pas voiture, maison, extravagance, ça parle football et c’est ça qui fait que les gens sont fiers d’eux. Raphaël donne une exemplarité à travers son comportement, ses interviews, et forcément, on s’identifie d’autant plus facilement. Ils ont les pieds sur terre et sont passionnés par le football. C’est vraiment ce qui doit être véhiculé auprès de tous les autres jeunes qui voudront vivre les mêmes choses qu’eux dans un avenir plus ou moins proche.
Des jeunes auxquels on prédit un bel avenir et qui ne font pas la carrière attendue, il y en a beaucoup. Qu’est-ce qui fait que Raphaël Varane a pu connaitre une telle trajectoire ?
C’est tout simplement cette humilité et cet équilibre qui le caractérisent. Il ne change pas ; C’est toujours un garçon accessible. Même s’il y a 2 ans, on commençait déjà à le critiquer sur 2 ou 3 contre-performances, et encore il faut les relativiser, Raphaël n’a pas plongé. C’est parce qu’il a les pieds sur terre, qu’il sait ce qu’il veut et que sa passion va au-delà de toutes ces critiques. C’est aussi ce qui a caractérisé cette équipe de France. Didier Deschamps a joué sur une mise en valeur des comportements dans la composition de son groupe. Pour nous, c’est du pain béni par rapport à tout ce que l’on peut dire à nos garçons au quotidien. Ce sont ces valeurs qui font que demain, ils seront des champions de haut niveau. Raphaël Varane a tout cela, à travers aussi l’éducation transmise par ses parents qui lui a permis de toujours être dans ce contexte de valeurs.
« Une joie d’avoir accompagné ces jeunes des générations 89 à 94 »
Si l’on vous ramène 8 ans en arrière, quand vous l’aviez dans votre vestiaire… Si on vous avait dit qu’il allait gagner 4 fois la Ligue des Champions et une Coupe du monde à 25 ans, qu’auriez vous pensé ?
Aucune surprise. Et puis il ne s’agit pas de penser que c’est facile de le dire après, mais je lui avais dit : « Continue comme ça Raphaël et dans peu de temps tu iras en équipe de France ». Après je n’avais pas non plus prévu le Real Madrid au bout d’un an… Les choses sont arrivées très vite et il le mérite. Il avait le comportement du professionnel de très haut niveau à cet âge là. Il recherchait déjà l’efficacité totale, c’était son leitmotiv. Il n’y avait aucune raison que ce garçon là ne puisse pas réussir au plus haut niveau. Son comportement lui permettait d’avoir le respect de ses partenaires. Il avait ce calme, c’était un leader de terrain. C’est un garçon d’une extrême gentillesse. Tout le monde apprécie sa compagnie.
Il y avait aussi Thorgan Hazard dans le groupe des 23 de la Belgique, 3e du Mondial. Vous avez croisé sa route ainsi que celle de bien d’autres jeunes de la Gaillette qui ont réussi au plus haut niveau en quelques années… Quel regard portez-vous sur ces générations dorées ?
Oui, sur 5 ou 6 ans, beaucoup sont devenus professionnels, avec des carrières, qui ne sont pas finies pour la plupart et certains vont donc encore montrer de belles choses. Mais pendant 5-6 ans, on a eu la joie d’accompagner ces joueurs de la génération 90 voire 89 en remontant à Kévin Monnet-Paquet et Nolan Roux à 93-94. Mais avec ces garçons là, ce qui était un plaisir, c’était que c’était facile. Ils étaient toujours motivés pour réussir. C’était la bonne philosophie commune.