C’est la recrue principale de ce mercato édition 2022 à Lens. Loïs Openda fait son arrivée en France par la grande porte. Mais il reste encore inconnu en France. Lensois.com a donc contacté Christophe Franken, chef de la rubrique football au quotidien La Dernière Heure (Belgique). Le journaliste a suivi le parcours de Loïs Openda à travers les saisons.

Lensois.com : Openda vient d’arriver chez nous en provenance de Bruges, sauf qu’il y a très peu joué. Pourquoi ça a coincé en Belgique chez les pros ?

CF : Il était encore très jeune à ce moment-là, il n’avait pas encore 18 ans. Et à son arrivée, il n’a disputé que quelques bouts de match sans avoir la possibilité d’être titulaire. C’est toujours difficile de briller dans ces cas-là. Le style de jeu à Bruges ne lui convenait pas. En Belgique, c’est l’équipe la plus titrée, elle a un jeu dominant et a besoin d’un attaquant de pointe, puissant, presque un pivot pour faire tourner le jeu, ce que n’est pas Loïs Openda. Il est plus petit et a besoin d’espace pour s’exprimer. Il sera plus fort dans une équipe qui a un jeu de transition, une équipe où ça doit aller vite.

Loïs Openda à l’entraînement. rclens.fr

Et c’est ce qu’il est parvenu à trouver aux Pays-Bas, à Vitesse Arnhem ?

CF : Oui, c’est ce qu’il a eu là-bas. Vitesse, c’est un club qui joue outsider toute la saison. C’est équipe qui joue avec la volonté de garder ses cages inviolées Mais c’était aussi le grand défi d’Openda. On a souvent vu des attaquants qui étaient des flops chez nous et qui cartonnaient aux Pays-Bas. C’est simplement une autre manière de jouer. Chez nous, en Belgique, c’est davantage organisé, un peu comme en Ligue 1.

Justement, il arrive en Ligue 1 avec un statut de joueur à découvrir, vous pouvez nous le décrypter ?

CF : C’est un vrai attaquant, pas un faux 9. Il a le sens du but depuis tout petit, déjà chez les jeunes du Standard de Liège il marquait beaucoup. C’est un attaquant qui sait se placer. Dans l’idéal, il sera meilleur dans un système avec un deuxième attaquant plus grand à côté de lui. Il a besoin d’une équipe qui joue et se projette vite.

Loïs Openda est officiellement Lensois depuis le 6 juillet.

Et avec les internationaux comment ça se passe ?

CF : En sélection, c’est le meilleur buteur de notre équipe U21. Il a joué 3 saisons avec les espoirs mais cette équipe ne jouait pas comme la A. On voulait le voir quand même chez les grands. Pendant longtemps, on se demandait pourquoi il n’avait pas sa chance mais le sélectionneur Roberto Martinez est malin. Openda n’est pas une vraie doublure de Lukaku contrairement à Batshuayi par exemple. Sauf qu’il était devenu impossible à ne pas sélectionner.

Il a fait toutes les classes jeunes avec la Belgique, il vient d’être appelé en A, finalement c’est un joueur qui est programmé pour exploser au grand jour ?

CF : Oui et non. Avant qu’il ne soit repéré par le Standard de Liège, il jouait avec l’autre club de la ville, le Royal Club football de Liège. Et il est arrivé au Standard quand il avait déjà 12 ou 13 ans, et c’est un peu tard pour la Belgique. Chez nous, généralement, les footballeurs en devenir sont repérés à l’âge de 8-9 ans. Il a fallu un peu de temps pour Openda et il était petit. Il n’a pas eu sa chance tout de suite sauf que lui, il a toujours cru en ses capacités. Il s’est toujours dit « je peux réussir dans le foot ». C’est pour ça qu’il est parti à Bruges ensuite. Il a fait l’effort en partant de l’autre côté du pays. Et avec ce choix, il montre que c’est un garçon qui a de l’ambition.

Les premières minutes de Loïs Openda avec Lens. rclens.fr

Vous avez déjà vu jouer Lens, en termes d’ambiance, de système, c’est le bon choix pour lui ?

CF : Loïs Openda a beaucoup réfléchi sur son futur. Il ne se dit pas, je vais le plus haut possible tout de suite. Il avait d’autres possibilités mais il a étudié les différents systèmes. Lens bosse bien et recrute parfois de façon surprenante en France avec des joueurs à faible valeur. Openda rentre dans ce moule-là. Maintenant, en France, est-ce qu’avec des défenseurs plus costauds, il va réussir à franchir un cap ? C’est une philosophie différente des Pays-Bas. A 22 ans, il savait qu’il devait faire quelque chose pour évoluer, il est ambitieux. C’est bien qu’il choisisse un championnat du top 5, je l’aurai plus vu en Allemagne. Mais avec Lens, il reste proche de la Belgique. Et puis c’est quelqu’un de très famille, il ne s’éloigne pas trop des siens. Je suis assez optimiste et curieux de le voir jouer, parce que c’est avec Lens.

Selon vous, Lens c’est la bonne étape pour franchir un palier ?

CF : A Bruges il avait encore un contrat et le coach vient de changer. Carl Hoefkens a beaucoup travaillé avec les jeunes et il était prêt à se dire, ok le joueur on lui fait confiance. Mais pour Openda, c’était très clair dès le départ, il voulait partir. Il savait que Bruges ne convenait pas à son jeu. Il a le potentiel pour évoluer au très haut niveau. Sauf qu’il a la même ambition que Lens. Le board lensois sait très bien qu’il pourra le revendre plus cher dans quelques années. Et lui, il sait que c’est une belle vitrine. Mais la Ligue 1 est difficile, on voit des attaquants qui échouent ou ne brillent pas autant qu’ils l’auraient souhaité. Je suis confiant mais d’abord curieux.

Et quelle image a-t-il en Belgique ?

CF : Finalement, il est encore très peu connu. Je suis certain qu’à Liège, il pourrait se promener sans être reconnu. Il a peu joué à Bruges avant de partir aux Pays-Bas. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, la Belgique suit très peu l’Eredivisie. A Lens, Openda sait qu’il sera plus visible en tout point. Mais c’est avant tout un garçon équilibré, il est très famille. Est-ce qu’il arrivera à réussir comme Jonathan David lorsqu’il est passé de La Gantoise à Lille ? On verra, il faudra être patient et lui laisser du temps.