Arrivé cet été de l’OH Louvain, John Bostock pouvait apparaitre comme une énigme. Pourquoi un joueur avec d’aussi bonnes statistiques sur plusieurs saisons en 2e et première division en Belgique se retrouve en Ligue 2, même si l’intérêt d’autres clubs existaient, au sein de l’élite belge ou encore en Série A italienne et même si l’on comprend aisément l’attrait que peut générer un club comme le RC Lens ? Au regard de son début de saison en Sang et Or, l’énigme n’est pas prête d’être résolue, mais en attendant, c’est le Racing qui en profite, et pas qu’un peu.
Lorsque Wylan Cyprien a quitté le RC Lens cet été pour rejoindre Nice en pleine préparation, on pouvait logiquement s’interroger sur le vide qu’il allait laisser. Auteur d’une grosse dernière saison, le milieu relayeur n’avait pas seulement un bon volume à la récupération. Il apportait aussi énormément offensivement. Il restait sur un exercice à 7 buts et une passe décisive en Ligue 2. De belles performances qu’il confirme aujourd’hui en Ligue 1, mais un impact direct sur l’efficacité offensive du RC Lens que John Bostock est déjà en train de compenser. Avec 5 buts (dont 3 penalties) et 3 passes décisives, le joueur arrivé au mercato de l’OH Louvain est déjà impliqué sur autant de buts du Racing, soit 8. Des chiffres à pondérer au regard du nombre de penalties qu’il a pu tenter et marquer mais qui sont tout de même parlants.
D’autant qu’au-delà de ces chiffres, l’influence de John Bostock s’établit à travers des faits moins voyants, comme ses 29 passes suivies d’un tir, le plus gros total du championnat. L’ex grand espoir du football anglais est l’un des joueurs de Ligue 2 dont le poids sur les matches est le plus important. Le RC Lens a beaucoup perdu dans l’entrejeu avec les départs de Jean-Philippe Gbamin à Mayence dans un registre plus défensif et de Wylan Cyprien. Si des recrues comme Djiman Koukou ou Adama Guira doivent encore convaincre totalement, John Bostock, nominé pour le trophée UNFP du meilleur joueur de l’antichambre en septembre, a déjà levé les rares doutes. Dans un club qui vise la montée en Ligue 1, il a largement sa place.
William Dutoit : « Surpris qu’il n’ait pas signé dans un club du top belge »
Il faut dire qu’à son arrivée, le joueur de 24 ans qui aurait été recruté pour une somme de 150 000 euros qui parait dérisoire était précédé déjà d’une très belle réputation, justement à travers sa capacité à être décisif. Si l’OHL est descendu en 2e division belge la saison dernière, le milieu, avec ses 7 réalisations, a fait mieux que surnager. « Je ne suis pas surpris par ce qu’il réalise au RC Lens. Je suis juste surpris qu’il n’ait pas signé dans un club du top en Belgique. Mais je suis aussi très content en tant que supporter qu’il ait choisi le Racing », commente le gardien de Saint-Trond William Dutoit, formé au Racing et qui l’a eu comme adversaire la saison dernière.
Avec John Bostock, le RC Lens a clairement réussi un joli coup sur le marché des transferts. Son début de saison n’est pourtant pas parfait, il connait des périodes creuses dans ses matches, durant lesquelles les ballons n’arrivent plus et durant lesquelles son travail dans la récupération manque d’efficacité comme lors de la première période contre Orléans à Bollaert 4-2, 8e journée de Ligue 2). Mais il y a toujours un éclair, une passe sortie de nulle part qui créée le danger, un sang froid, qui lui permet d’avoir le geste juste même dans les moments difficiles. C’est habituellement la marque des grands joueurs, une classe à laquelle on le destinait en Angleterre, dans ses jeunes années à Crystal Palace puis Tottenham, sans qu’il ne parvienne à répondre aux attentes. En attendant, qui sait, d’approcher un jour le niveau espéré, il se montre à la hauteur de celles qui pèsent sur ses épaules au RC Lens.
Christophe Schaad