Arrivé au RC Lens en provenance de Monaco en toute fin de mercato d’été, Ruben Aguilar était alors l’un des seuls membres de l’effectif à disposer d’une expérience européenne (10 matches avec l’ASM). Au moment où le Racing s’apprête à goûter pour la première fois depuis 2007 à l’atmosphère spéciale des confrontations européennes à élimination directe face à Fribourg, il a longuement évoqué avec nous ce qui attend les Sang et Or mais aussi cette force collective qui autorise de croire en une nouvelle belle aventure. Entretien.

Lensois.com : Ruben Aguilar, quand vous avez tiré au sort Fribourg, avec le match retour à l’extérieur, que vous êtes-vous dit ?
Il n’y avait que des belles écuries européennes, on s’attendait donc dans tous les cas à un adversaire compliqué. Après je pense que pour les autres équipes, nous représentons nous aussi un adversaire redoutable. C ‘est un tirage très intéressant, qui promet deux beaux matches. Je m’attends à du costaud. Ils ont un coach (Christian Streich) présent depuis un moment et c’est une équipe très complète. Les équipes allemandes sont réputées pour être au point physiquement. C’est un adversaire à ne pas négliger, loin de là. Comme n’importe quelle équipe on aurait préféré recevoir au retour. Avec un résultat négatif à l’aller en déplacement, on se dit toujours que devant son public, surtout ici, on peut battre n’importe quelle équipe. On débutera à la maison, à nous de l’aborder de la meilleure des façons pour se rendre les choses plus faciles.

Après un club espagnol (Séville), un anglais (Arsenal) et un néerlandais (PSV Eindhoven), vous voici opposé à un club allemand. A quel point est-ce formateur pour vous de vous confronter à des clubs venant d’horizon si varié ?
Je pense que ces différences entre les championnats sont un peu révolues maintenant parce qu’à l’ère des datas, tout le monde va dans le même sens. Ce sont des cultures différentes mais dans chaque club, il y a maintenant beaucoup de nationalités chez les joueurs et on parle tous la même langue dans le football. Ce que je retiens de ces équipes affrontées en Ligue des Champions, c’était quand même que physiquement, c’était un niveau au-dessus. Séville qu’on a écarté, c’était une très belle équipe. Il faut applaudir ce qu’on a fait dans cette poule, ne pas regretter. Je pense qu’on avait un très gros groupe !

Même si les résultats sont au rendez-vous depuis septembre, on a le sentiment que ce match arrive au moment de la saison où vous avez le plus de certitudes. C’est aussi votre impression ?
On est plus confiants peut-être. On est aussi quasi au complet et forcément, ça tire tout le monde vers le haut parce que chaque joueur veut tirer son épingle du jeu, donner le meilleur de lui lorsqu’il est appelé sur le terrain. C’est vrai qu’on ressent une certaine confiance, on sait où on veut aller, on sait ce qu’on veut faire, quelles sont nos idées et tout le monde au sein du groupe veut aller dans le même sens. C’est agréable pour tout un club, un staff et surtout une équipe.

« On peut jouer sur les 2 tableaux »

aguilar thomasson sotoca haise

A votre arrivée vous étiez l’un des seuls à disposer d’une expérience européenne (ndlr : avec Faitout Maouassa, arrivé en même temps, et Nampalys Mendy, venu quelques jours plus tard). Avez-vous été surpris par la façon dont le groupe s’est approprié la scène européenne pour se mettre au niveau ?
Pas du tout parce les mecs, ici, ils kiffent ! Ils savent profiter à fond de chaque évènement ! C’est agréable, ils savent que si tout le monde est concerné, à 100%, en tant que groupe on est plus fort que des individualités. C’est comme ça que j’ai ressenti les choses. Ici il y a de très bons joueurs mais si on performe, c’est parce qu’on est tous soudés et qu’on va tous dans le même sens.

Le point noir de votre campagne européenne jusqu’ici, c’est le 6-0 contre Arsenal. Une telle mésaventure pourrait-elle encore arriver aujourd’hui avec ce que vous avez retenu du chemin parcouru ?
J’espère en tout cas. Maintenant, si dans un futur proche ou dans quelques années, le club est amené à rejouer un grand d’Europe, on se souviendra à quel point il faut rester focus parce que les petits détails peuvent être payés cash. La Ligue des Champions, on a vu ce que ça coûte, ce qu’il faut faire pour réussir à enchaîner tous les trois jours. Ça n’amène que du bonheur et tu en ressors plus costaud, plus soudé parce que tu es avec le groupe pratiquement tout le temps. Ce que j’en retiens aussi c’est que du coup, le temps passe très vite ! Tu ne fais qu’enchaîner, tu es à gauche, à droite, ça passe vite. Moi j’ai un mot d’ordre qui est de prendre chaque match qui vient et de ne jamais calculer pour ne pas avoir à se dire : « Si on avait su, on aurait plutôt fait comme si ou comme ça. » Pour ne rien regretter, il faut toujours tout donner.

Hormis peut-être pour Brice Samba dans les buts et les 3 postes de derrière (Gradit-Danso-Medina), la concurrence s’est beaucoup développée. Un paramètre qui semble arriver au meilleur des moments, quand il s’agit d’enchaîner Coupe d’Europe et championnat…
Oui, il y a Brice et les 3 derrière, ça fait 4 postes, mais pour le reste, c’est vrai que ça change souvent. Au-delà de la concurrence, les joueurs sont très proches les uns et des autres et il y a aussi beaucoup de complémentarités. Quand l’un manque, on sait qu’on peut mettre quelqu’un d’autre et que ça se passera bien. C’est très important. Je pense qu’on peut jouer sur les deux tableaux. Le club a fait le recrutement pour que ce soit le cas, pour pouvoir vivre une telle année. Jouer tous les 3 jours, c’est très agréable. Cela veut dire que tu as des choses à jouer. Maintenant, il faut se donner les moyens pour croire en quelque chose.

« Se dire que nous aussi, en France, nous sommes capables de réaliser de grandes choses en Coupe d’Europe »

Il y a un contexte particulier en Coupe d’Europe pour le football français, presque négatif, car les clubs se voient souvent reprocher d’y sous-performer. Au point de se retrouver cette saison à courir derrière les Néerlandais à l’indice UEFA. Vous qui avez déjà connu des parcours européens avec Monaco, comment expliquez cette situation ?
L’an dernier avec Monaco , nous avions été éliminés par Leverkusen qui était déjà à l’époque une très belle équipe et je pense qu’il nous avait manqué de la réussite (ndlr : victoire 3-2 à l’aller en Allemagne, défaite sur le même score au retour et élimination aux tirs au but). Parfois, ça se joue sur de petits détails. Peut-être que cette saison, les clubs français vont réussir à performer. Il faut être patient et il faut aussi de manière générale que nous soyons solidaires entre nous, les Français, les médias… Il faut que l’on tire tous dans le même sens en se disant que nous sommes nous aussi capables de réaliser de grandes choses dans les coupes d’Europe. Cette année, il y a encore pas mal d’équipes de Ligue 1 en course et j’espère que toutes parviendront à faire un beau parcours.

aguilar duel lens toulouse septembre 2023On prête souvent au RC Lens une certaine facilité à appréhender les grands événements, avec une part d’insouciance. Cela s’est vérifié aussi en Ligue des Champions. Ce trait de caractère ne pourrait-il pas être un atout dans cette Ligue Europa ? 
Oui parce qu’il n’y a rien à perdre, ce n’est que du bonus pour les joueurs et le club. Quand le groupe s’est qualifié pour la Ligue des Champions la saison dernière, je pense qu’il avait hâte de pouvoir la découvrir. On a croqué dedans à pleines dents. Pour moi, il n’y a pas de pression et on est capable de réaliser de très belles choses.

Même si elle n’a pas l’aura de la Ligue des Champions, la Ligue Europe est une compétition de très haut niveau.  Quand on est le RC Lens, de quoi peut-on rêver quand on y fait son entrée ? On s’autorise de s’imaginer la gagner ?
La Ligue Europa, ce n’est pas la Ligue des Champions, mais c’est en effet une grande compétition ! La gagner je ne sais pas. J’ai envie de vous dire oui mais je ne le sais pas. Déjà il va falloir passer Fribourg. On doit prendre chaque match comme il vient et surtout, faire en sorte de n’avoir aucun regret !

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